Les sessions du congrès

Les enseignements d'épistémologie et d'histoire des sciences et des techniques : contextualisation, extension et perspectives.
Responsables : Sarah Carvallo (S2HEP, ECL), Anne-Sophie Godfroy (SND, UPEC), Arnaud Mayrargue (SPHERE, UPEC)

Penser les modalités d’enseignement de l’Epistémologie et de l’Histoire des Sciences et des Techniques (EHST) à l’Université conduit à s’interroger à la fois sur leur statut et sur leur sens. Ces enseignements n’ont en effet acquis un statut que dans une période récente et seulement dans le cadre de certaines formations, même s‘ils avaient droit de cité dans une période plus ancienne, au 19ème siècle notamment. Il en va ainsi en ce qui concerne la préparation aux concours d’enseignements scientifiques, les formations relevant des domaines de la médecine (PACES) et parfois aussi celles concernant les futurs ingénieurs (1).

Cette extension restreinte s’accompagne d’une évolution, qui conduit à parfois quitter le seul domaine de l’Epistémologie et de l’Histoire des Sciences et des Techniques pour aborder les questions plus larges des Sciences Humaines et Sociales (SHS) et/ou des Sciences et Techniques en Société (STS (2)). Cette interaction entre l’EHST, les SHS et les STS pose deux questions : en quoi l’EHST est-elle un moment possible et nécessaire d'une formation SHS dans des universités ou des écoles scientifiques et quelles sont les perspectives d’évolution de son enseignement ? En quoi l'intégration dans un cadre plus large SHS ou STS incite-t-elle l’EHST à préciser son sens, voire à déterminer une/des méthode pédagogique particulière ?

Cette évolution s’accompagne d’un autre changement, lié au contexte politique. En effet, on assiste à des projets et tentatives de développement d’enseignement de l’Epistémologie et de l’Histoire des Sciences dans le cadre de la licence et ce, au moment où se pose la question de la refonte des licences (loi ESR)  dans cadre de l’élaboration du plan réussite en licence.

Ces changements conduisent à réfléchir à quelques questions que nous voudrions aborder dans le cadre de ce congrès :

  • Quelle peuvent être la place et le statut de l’Epistémologie et de l’Histoire des Sciences dans le cadre d’un enseignement de Sciences Humaines et Sociales ? En quoi l’EHST peut-elle représenter un moment nécessaire dans une formation scientifique ?
  • Quelles sont les expériences de mise en place de tels enseignements, que ce soit au niveau national ou international ? Quels enseignements en tirer ? En quoi l'intégration dans une perspective plus large SHS ou STS incite-t-elle l’EHST à redéfinir son sens et/ou sa pédagogie ?



1. Un colloque a eu lieu à ce sujet en 2013 à l’Université Paris Est Créteil (UPEC) : « Les sciences humaines dans les parcours scientifiques et techniques professionnalisants : quelles finalités et quelles modalités pratiques ? ». Il a reçu le soutient de la SFHST. Voir http://shst2013-upec.sciencesconf.org.

2. Les STS traduisent ici aussi le champ des « Science & TechnologyStudies ».



Autour de textes en langue arabe sur les sciences de la vie
Mehrnaz Katouzian-Safadi 
1 : KATOUZIAN-SAFADI  (CNRS)  -  Site web
CNRS- Université Denis DIDEROT
5 rue Thomas Mann - Case 7093 - 75205 Paris Cedex 13 -  France

Cette session propose d'aborder diverses sources en langue arabe relatives à la zoologie, la médecine, la pharmacie et l'alimentation à l'époque médiévale. C'est ainsi qu'on analysera les raisons des choix des zoologues arabes, et plus particulièrement de al-Jāḥiẓ (781 – 869), en matière de classification, notamment l'articulation entre théories en vigueur et observations personnelles. Dans le cas peu étudié des insectes et petits animaux, les solutions apportées par al-Jāḥiẓ feront ensuite l'objet d'une étude approfondie particulière. On essaiera de brosser un tableau des relations riches et complexes entre les maladies, les malades, leur tempérament, leur milieu et leur régime alimentaire à travers deux textes du médecin Rāzī (865 – 925). À côté de ces textes savants, on montrera l'intérêt d'un manuscrit inédit de médecine populaire aux frontières de la magie, de provenance maghrébine. Enfin, la transmission et la critique européenne de certains textes de zoologie et médecine sera évoquée à travers les travaux de Samuel Bochart (1599 – 1667), notamment un manuscrit autographe inédit où il montre que la maladie appelée qutrub par Avicenne doit être identifiée à la lycanthropie.



Innovations instrumentales et méthodologiques dans les observatoires astronomiques années 1850 - années 1970
Emmanuel Pécontal, Françoise Le Guet Tully, Jérôme Lamy
1 : Centre de Recherche Astrophysique de Lyon  (CRAL)  -  Site web
INSU, CNRS : UMR5574, École Normale Supérieure [ENS] - Lyon, Université Claude Bernard - Lyon I
9 Avenue Charles André 69561 ST GENIS LAVAL CEDEX -  France
2 : Observatoire de la Cote d'Azur  (OCA)  -  Site web
CNRS : UMS2202
B.P. 4229 06304 Nice Cedex 4 -  France
* : Auteur correspondant

L'invention de l'objectif achromatique amorça une ère nouvelle pour les lunettes astronomiques. Aboutissement d'innovations dans la fabrique du verre, la taille des lentilles et la mécanique de précision, la lunette de 24 cm de Fraunhofer installée en 1824 à Dorpat devint l'archétype des lunettes modernes et engendra une course à la plus grande lunette du monde (qui prit fin en 1900 avec la lunette de 1,25 m de l'Exposition universelle de Paris). Avec l'observatoire de Pulkovo (1835), l'observatoire institutionnel devint un espace structuré destiné à produire des observations systématiques et résoudre les grandes questions en suspens. Archétype de l'observatoire moderne, Pulkovo suscita nombre d'innovations, notamment en termes d'architecture fonctionnelle et de site. Les inventions du XIXe siècle à l'origine de l'astrophysique (photographie, spectroscopie, télescopes à miroir en verre) entraînèrent aussi des innovations instrumentales et méthodologiques. Comme au XXe siècle télescopes à grand champ, télescopes à haute résolution et instruments au sol et spatiaux pour l'observation des longueurs d'onde autres que le visible. Dans ce cadre fécond pour une interrogation renouvelée sur les relations entre instrumentation et champ disciplinaire, nous sollicitons des études portant sur des cas concrets d'innovations instrumentales et méthodologiques – réussies ou non – ainsi que des réflexions questionnant la place de l'innovation dans le développement de l'astronomie institutionnelle.



Le genre biographique : nouveaux périmètres et nouveaux enjeux en histoire des sciences
Philippe Jaussaud 
1 : Sciences et Société ; Historicité, Éducation et Pratiques  (EA S2HEP)  -  Site web
École Normale Supérieure [ENS] - Lyon, Université Claude Bernard - Lyon I : EA4148
Bâtiment " La Pagode" - 38 Boulevard Niels Bohr - Campus de la DOUA Université Claude Bernard Lyon 1 43, Boulevard du 11 Novembre 1918 69622 Villeurbanne Cedex -  France

 
Le genre biographique a toujours bénéficié d'une faveur remarquable, malgré son exclusion de la pratique historienne française durant la période 1970-1980. La biographie est aujourd'hui, comme a pu l'affirmer Guy Chaussinand-Nogaret dans sa vie de D'Alembert, "un observatoire privilégié autour duquel la recherche tend à se cristalliser". Sa reviviscence contemporaine atteint l'ensemble des domaines de la connaissance : sciences humaines et sociales, sciences de la matière, de la Terre, de la vie et de la santé, etc. Par ailleurs, les "objets" explorés aujourd'hui dans les biographies se sont beaucoup diversifiés. Il ne s'agit pas uniquement d'individus isolés ou en groupes - prosopographies -, mais aussi d'objets matériels, d'idées, de villes, de moeurs, etc. Cet éclectisme entre en résonance avec l'évolution actuelle des courants historiques : vers l'"histoire-monde", l'"histoire connectée", l'histoire des moeurs, l' « histoire du sensible », etc.
 
Dans le cadre ainsi défini, l'historien des sciences trouve deux opportunités. D'abord, celle de conduire des travaux se rattachant à des « objets » très variés : savants, institutions - universités, académies -, théories - théorie quantique -, maladies, médicaments, instruments scientifiques, etc. Ensuite, celle de renforcer les liens avec l'"histoire historienne", ses théories et ses courants actuels, pour conforter la place de l'histoire des sciences dans l'historiographie moderne.

 


MEDFILM Le film médico-sanitaire comme mode de communication entre science, médecine, sphère publique et société.
Christian Bonah 
1 : Département 'Histoire des Sciences de la Vie et de la Santé  (DHVS - SAGE)  -  Site web
université de Strasbourg, CNRS : UMR7363
Faculté de Médecine Université de Strasbourg 4 rue Kirschleger 67085 Strasbourg Cedex  -  France

Les études historiques et audiovisuelles récentes soulignent le potentiel des films utilitaires non-commerciaux pour observer la diffusion massive des représentations qu'une société donnée se fait du monde et d'elle même. En même temps, elles interrogent le statut des images dans la production de mémoire, et la circulation de ces images dans les sphères d'expertise scientifique et technique, industrielle ou pédagogique.
La session présentera et analysera dans le domaine de la santé, médecine et hygiène les archives audiovisuelles en tant que vecteurs de communication sur les politiques de santé, la nature d'une maladie, les modalités de prévention et de soins, qu'il s'agisse à un public ciblé ou au grand public. La maladie considérée comme fait social, fléau ou stigmate, la relation patient-soignant, les enjeux idéologiques que recouvrent les politiques sanitaires successives, motivent différentes formes de discours : communication unanime de l'institution médicale, information polémique de la presse, intimité créative de l'individu artiste, questionnement réflexif du philosophe... La session cherchera à montrer que le film représente un média à la fois négligé et évident pour en rendre compte, maist aussi un support privilégié pour l'échange et la réflexion collective.
La session vise à mettre en évidence les caractéristiques essentielles de la production française dans le cinéma médical au 20e siècle en insistant sur ses sujets privilégiés, ses modes de diffusion, ses figures majeures.


La chimie utile
Jonathan Simon  
1 : Laboratoire sciences, société, historicité, education et pratiques  (S2HEP)  -  Site web
Université Lyon 1, Institut Français de L'Éducation
S2HEP, La Pagode Université Lyon 1 F-69622 Villeurbanne Cedex -  France

La chimie a la réputation d'être une science pratique avec des relations particulièrement complexes entre les savoirs théoriques et les connaissances empiriques. Mais au cours de son histoire, la chimie a aussi eu la réputation d'être une science utile ayant trouvé des applications dans divers domaines, la métallurgie, la teinture, les explosifs, la médecine, l'agriculture, etc. Lors de ce symposium, nous voulons réfléchir aux valeurs de l'utilité associée à la chimie. En outre, nous interrogerons la façon dont la chimie en tant que discipline a géré ces liens avec les différents secteurs d'activités dans lesquels elle a été utilisée. Nous invitons des études de cas explorant des périodes différentes qui nous permettrons de tracer en pointillé les multiples configurations dans cette vision de l'utilité de chimie dans l'histoire moderne.



Mathématiques et enseignement au Moyen Age arabe et latin, et à la Renaissance
Sabine Rommevaux  Odile Kouteynikoff
1 : CNRS - SPHERE
CNRS : UMR7219

Bien que le contexte institutionnel de l'enseignement des mathématiques ne soit pas toujours très bien connu (au moins pour le Moyen Age arabe ou latin), certains textes de mathématiques, théoriques ou pratiques, sont à visée pédagogique. Cet aspect est parfois clairement revendiqué par l'auteur, notamment dans les préfaces. Il s'agira alors de comprendre comment il est mis en oeuvre. Mais parfois, c'est le contenu même des textes qui nous conduit à penser qu'ils peuvent être inscrits dans un contexte d'enseignement, sans que l'intention de l'auteur soit clairement affichée. Il convient alors de justifier cette hypothèse. Par ailleurs, à la Renaissance, sont publiées des leçons inaugurales des cours de mathématiques dispensés dans les universités ou au Collège Royal, par exemple. Ces leçons offrent une vue très riche des domaines enseignés, de leur statut au regard des autres disciplines, de leurs objets. Ce sont tous ces aspects que nous souhaitons aborder dans cette session.


 Formations technologiques et démocratie technique : quelle pertinence ?
Yves-Claude Lequin, Pierre Lamard 
1 : Laboratoire Recherches et Études sur le Changement Industriel, Technologique et Sociétal  (IRTES - RECITS)  -  Site web
Institut de Recherche sur les Transports, l'Energie et la Société - IRTES, Université de Technologie de Belfort-Montbeliard
90010 Belfort cedex -  France

De longue date, la société interpelle divers choix techniques qui transforment la société ou de choix organisationnels (travail industriel). Comment les prendre en considération ? Qui est qualifié pour en décider ? Depuis le XXe siècle, le processus démocratique entre en débat. Penser la technologie, c'est d'abord considérer la technique comme finalité et choix plus que comme procédé.
De multiples séminaires scientifiques, il ressort que l'intelligence d'un phénomène technique relève de nombreux domaines a priori éloignés. Simultanément, ouvriers, techniciens et ingénieurs font face à des situations sociotechniques complexes, où leurs seules connaissances techniques ne suffisent pas : leur pratique les amène quotidiennement à croiser des champs disciplinaires qu'ils tendaient à classer comme périphériques au cours de leur cursus.
Cette session se propose d'interroger la démocratie technique en focalisant la réflexion sur les salariés industriels. En priorité :
- Quels regards poser sur leurs programmes de formation ?
- Quels « lieux novateurs » (établissements d'enseignement, associations, structures académiques), cultivant une analyse réflexive sur ces enjeux ?
- Comment se situent les différentes catégories professionnelles dans les controverses sur le monde industriel ?
Au-delà des acteurs industriels, tout humain ne devrait-il pas être au cœur de tout processus technique en tant que concepteur, décideur et usager ?



Neiges et glaces : faire l'expérience du froid (XVIIe – XIXe siècles)
Alexis Metzger, Frédérique Rémy 
1 : Espaces, Nature et Culture  (ENEC)  -  Site web
CNRS : UMR8185, Université Paris IV - Paris Sorbonne
Laboratoire ENeC, UMR CNRS-Paris IV 8185, 190-198 avenue de France , 75244 Paris Cedex 13 -  France
2 : Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne  (UP1)  -  Site web
Pres Hesam, Université Paris I - Panthéon-Sorbonne
12 place du Panthéon - 75231 Paris Cedex 05 -  France
3 : Laboratoire d'études en Géophysique et océanographie spatiales  (LEGOS)  -  Site web
CNRS : UMR5566, Observatoire Midi-Pyrénées, Université Paul Sabatier [UPS] - Toulouse III
14 avenue Edouard Belin 31400 Toulouse -  France
* : Auteur correspondant

Au cours des siècles, les scientifiques ont été intrigués par les neiges et les glaces des différentes altitudes et latitudes. Des savants du XVIIe siècle, tels Kepler ou Descartes, se penchent sur la nature de ces éléments du froid. Les naturalistes des deux siècles suivants, Buffon, Saussure ou Agassiz, s'intéressent à leur rôle dans le système climatique terrestre. Des physiciens, comme Mairan, profitent des grands froids pour étudier le gel de l'eau. Comprendre la formation des flocons de neige, de la glace, gagner de l'altitude vers les neiges « éternelles », voire construire un palais en glace en plein XVIIIe siècle... Autant de défis que des hommes ont relevés lors du petit âge glaciaire en proposant des sciences et techniques idoines.
Les neiges et les glaces se sont ainsi prêtées à de multiples études et expériences que cette session propose de mettre en lumière. Les communications pourront cibler telle ou telle découverte, se focaliser sur des instruments de mesure, ou approfondir un aspect en histoire de la climatologie ou de la physique du froid. Elles pourront également s'intéresser aux liens entre science et imaginaires. Car les écrivains et artistes renouvellent constamment les représentations du froid, autant de matières à penser pour les scientifiques.


La classification comme pratique scientifique
Anne-Sandrine Paumier, François Lê 
1 : Institut de Mathématiques de Jussieu  (IMJ)  -  Site web
CNRS : UMR7586, Université Pierre et Marie Curie (UPMC) - Paris VI
2, place Jussieu 75251 Paris Cedex 05 -  France
2 : Institut des Hautes Etudes Scientifiques  (IHES)  -  Site web
IHES
35 route de Chartres 91440 Bures sur Yvette -  France
3 : Institut de Mathématiques de Jussieu  (IMJ)  -  Site web
CNRS : UMR7586, Université Pierre et Marie Curie (UPMC) - Paris VI
4, place Jussieu 75251 Paris Cedex 05 -  France
* : Auteur correspondant

Pour Poincaré, la science est avant tout une classification, qu'il qualifie de commode, permettant de décrire les relations entre les objets. Il semble en effet que la classification soit une pratique essentielle dans les sciences. Dans les sciences de la nature, que l'on pense à la classification des êtres vivants, animaux et végétaux proposée par Linné ou bien encore à la classification des éléments chimiques, les exemples historiques ne manquent pas et la question a déjà suscité beaucoup d'études. Mais ce ne sont pas les seuls cas : en mathématiques, Hermite cherche à classifier les nombres algébriques, Gauss classifie les formes quadratiques binaires suivant leur classe, genre, ordre, Schwartz compare l'entreprise de Bourbaki à celle de Linné par exemple ; en physique, la classification des particules a joué un rôle important.
Nous souhaitons questionner ici la classification comme pratique scientifique en profitant d'une comparaison entre disciplines. La classification provient-elle de l'observation ? S'accompagne-t-elle toujours de pratiques de dénomination ? Le vocabulaire introduit constitue-t-il une simplification ou bien une abstraction plus grande ? Quelles formes prend cette classification ?
 La confrontation d'exemples de pratiques de classification comme pratique scientifique dans l'histoire de différentes sciences va permettre de discuter ces questions.

 


Les débats sur la modélisation dans l'entre-deux-guerres
Francis Beaubois
1 : Sandoz Raphael  (Université de Genève)

Les épistémologues se sont depuis longtemps emparés de la question relative au concept de modèle en sciences, et la littérature qui en a résulté est considérable. Néanmoins, l'analyse d'un point de vue historique a souvent été négligée dans ces études. S'il est reconnu que l'acception du mot « modèle » s'est modifiée à partir de la fin du XIXe siècle, pour passer du modèle mécanique au modèle mathématique, il reste à analyser véritablement l'émergence de cette nouvelle manière d'envisager l'application des mathématiques à différents domaines des sciences.
On peut toutefois situer approximativement l'émergence de la modélisation mathématique au milieu des années 1920. Certains débats apparaissent en effet à propos de la pertinence et de la fonction des modèles mathématiques dans certaines disciplines (astrophysique, cosmologie, physique du solide, écologie, économie...) La modélisation s'impose alors peu à peu comme un nouveau moyen d'investigation dans les sciences. Nous souhaitons dans cette session apporter un éclairage résolument historique (sans pour autant négliger totalement le point de vue épistémologique) sur cette question fondamentale.


Culture matérielle, histoire des sciences et des techniques
Grégory Chambon
1 : Centre François Viète : épistémologie, histoire des sciences et des techniques  (CFV)  -  Site web
Université de Bretagne Occidentale - Brest : EA1161
Institut des Sciences de l’Homme et de la Société UBO-Site Segalen, UFR Lettres et Sciences Humaines 20 rue Duquesne, CS 93837 29238 BREST Cedex 3 -  France

Bien que le terme « culture matérielle » soit hérité des études pionnières de l'anthropologie au XIXe siècle, initiées plus particulièrement dans le monde anglo-saxon (material culture), plusieurs disciplines se le sont appropriées, comme l'archéologie, l'éthnographie, l'histoire, la muséologie, etc. Si l'on caractérise (grossièrement) une culture par un ensemble de traits caractéristiques qui la distinguent d'une autre culture, la culture matérielle représenterait, pour le sens commun, la part de « matérialité » de cette culture et renverrait donc aux traits culturels visibles et tangibles : les objets, les outils, et peut-être, au-delà, les gestes et les techniques associés à leurs usages ; elle constituerait donc le principal, sinon l'unique moyen d'accès à des sociétés anciennes. Cette interprétation suscite depuis peu de nombreuses questions épistémologiques de nature interdisciplinaire, portant sur le mécanisme des relations entre l'homme, sa production matérielle et ses idées, et conduit à des réflexions concernant la dimension "idéelle" de la culture matérielle chez plusieurs spécialistes des sciences humaines et sociales.
Cet atelier se propose d'explorer, à travers des cas concrets sur une chronologie longue (de l'Antiquité à l'Epoque monderne), la notion de culture matérielle du point de vue de l'historien des sciences. Il s'agira en particulier d'identifier et peut-être de redéfinir les liens entre culture matérielle et histoire des techniques, en s'intéressant à l'approche systémique des objets et des communautés de pratiques.


Rôles et fonctions de l'instrument dans l'expérimentation scientifique
Jérôme Fatet
1 : Francophonie, Education et Diversité (EA 6311)  (FRED)  -  Site web
Université de Limoges : EA6311
Faculté des Lettres et Sciences Humaines - 39E Rue Camille-Guérin, 87036 LIMOGES Cedex -  France

L'invention d'un nouvel appareil, d'un nouvel instrument scientifique, ou son détournement, sa réutilisation dans de nouvelles fonctions est un évènement qui peut être étudié sous l'angle de l'histoire des techniques, mais aussi sous celui de l'histoire des sciences dans ses apports à la construction des savoirs.
L'influence que peut avoir l'usage d'un instrument scientifique sur l'élaboration du processus expérimental qui va le mettre en œuvre, et sur l'organisation de l'espace de l'expérience peut être explorée sous plusieurs angles et dans plusieurs domaines, qu'ils soient historiques ou épistémologiques.
Pour nourrir une réflexion commune, nous souhaitons regrouper dans cet atelier des contributions présentant des études de cas historiques, des analyses techniques aussi bien que des réflexions épistémologiques plus larges. Nous pourrons y discuter de la place et du rôle de l'instruments dans le contexte de la recherche et de l'élaboration des savoirs aussi bien que dans les processus de transmission et d'enseignement. Cette rencontre devrait permettre de mettre en lien les divers aspects des réflexions sur l'élaboration et l'usage de l'expérimentation scientifique dans ses relations techniques, scientifiques, épistémologiques.


Penser l'Anthropocène
Bertrand Guillaume   
1 : STMR
CNRS : UMR6279

En 1907, Bergson écrivait dans L'Evolution créatrice : « (...) de la machine à vapeur, avec les inventions de tout genre qui lui font cortège, on parlera peut-être comme nous parlons du bronze ou de la pierre taillée; elle servira à définir un âge. »
Il semblerait que nous y sommes. Après l'Holocène, époque interglaciaire de relative stabilité climatique qui couvre les derniers dix à douze mille ans (qui correspond à la sédentarisation progressive des hommes ainsi qu'à l'émergence des civilisations), nous serions entrés dans un nouvel âge, où l'humanité constituerait désormais une véritable force géologique.
Le terme d'Anthropocène désigne ainsi une nouvelle ère géologique, qui aurait débutée à la fin du 18ème siècle avec la révolution industrielle, et qui serait marquée par la portée désormais globale des effets des activités humaines et par leur prédominance sur les flux de matières et d'énergie et les cycles biogéochimiques à l'échelle de la planète (le cycle du carbone, au premier chef), et ce jusqu'à menacer certains mécanismes régulateurs de la Biosphère (l'enveloppe de viabilité de la Terre).
Le symposium proposé est destiné à questionner sur 2 jours les défis épistémologiques et historiques de l'Anthropocène et leurs conséquences théoriques et pratiques.


Histoire de la physique théorique moderne
Jan Lacki (CNRS, SPHERE), Adrien Vila Valls (S2HEP, Université Lyon 1)

Une histoire de la physique moderne qui met au cœur de son attention l’évolution des concepts et des pratiques des théoriciens connaît un certain désintérêt en France et cela malgré la richesse des archives et des nombreuses problématiques encore à explorer. Ce symposium, qui veut s’inscrire dans une tentative de dynamiser ces études se propose un double objectif :
Il s’agît d’abord de réunir, en guise de modestes états-généraux, des chercheurs impliqués dans l’histoire des concepts, des pratiques et des questions épistémologiques liés à la physique moderne.
Nous souhaitons d’autre part offrir l’occasion de réfléchir ensemble à des nouveaux angles d’approche, des nouvelles perspectives ou des nouvelles thématiques qui permettraient de ressourcer le champ en complétant ou dépassant des thèmes désormais classiques aux ressorts quelque peu usés. Après l’étude historique de la genèse des grandes révolutions scientifiques du début du 20ème siècle (en premier la physique quantique et la relativité), longtemps l’objet privilégié de l’attention des chercheurs, il nous paraît opportun d’insister aujourd’hui sur des thèmes plus spécifiques, dont certains seront abordés lors du symposium, et parmi lesquels :

L’étude des développements théoriques subséquents aux « grandes » révolutions, notamment l’application des nouvelles théories dans différents domaines (physique des hautes énergies, astrophysique, physique du solide, physique nucléaire, chimie quantique, etc.)

La question de l’implantation de ces théories dans les différents contextes nationaux et transnationaux ainsi que leurs conséquences sur l’évolution des pratiques scientifiques et des postures épistémologiques des théoriciens.

L’examen de l’évolution et de la signification de certains outils théoriques qui, repensés à l’aune des progrès récents, on changé de statut épistémologique et de fonction dans la connaissance, ainsi les nouveaux usages de la théorie de perturbation et plus généralement la place et le rôle des techniques d’approximation.

L’impact des nouvelles technologies assistant les théoriciens, en premier l’usage massif et le développement des techniques de simulation numérique.


Web sémantique et humanités numériques en histoire, philosophie des sciences et des techniques : quelles continuités et ruptures dans les pratiques et les problématiques?
Sylvain Laubé, Olivier Bruneau, Muriel Guedj
1 : Centre François Viète : épistémologie, histoire des sciences et des techniques  -  Site web
Université de Bretagne Occidentale - Brest : EA1161
Institut des Sciences de l’Homme et de la Société UBO-Site Segalen, UFR Lettres et Sciences Humaines 20 rue Duquesne, CS 93837 29238 BREST Cedex 3 -  France
2 : Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré  (LHSP)  -  Site web
CNRS : UMR7117, Université Nancy II
91, avenue de la Libération BP 454. F-54001 NANCY Cedex -  France
3 : Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Éducation et Formation  (LIRDEF)  -  Site web
Université Montpellier II - Sciences et Techniques du Languedoc : EA3749
IUFM/Place Marcel Godechot 4152 34092 MONTPELLIER CEDEX 5 -  France
* : Auteur correspondant

La proposition de cette session s'inscrit dans la continuité de la mise en place en 2012-2013 du projet SemanticHPST initié dans le cadre d'un AAP INSHS-Réseau InterMSH. Ce projet se traduit par la création d'un réseau de laboratoires en épistémologie, histoire des sciences et des techniques (EHST) français en forte collaboration avec des équipes SPI notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle (voir (http://semhpst.hypotheses.org/).
Peu de travaux portent sur le développement du web sémantique pour l'EHST (voir les travaux du consortium DigitalHPS (http://digitalhps.org) qui regroupe plus de 10 projets américains, britanniques ou allemands avec pour ambition de promouvoir des standards et mettre en place des supports pour la numérisation en EHST.
L'objectif de cette session est d'établir un état des lieux des recherches en cours dans ce domaine particulier des humanités numériques non seulement d'un point de vue technologique (sur les ontologies de références, les outils de composition de corpus numériques, etc.) mais aussi en abordant des questions d'épistémologie (de l'EHST) nécessairement mises au jour par l'élaboration et l'usage de ces nouveaux outils numériques en examinant notamment les continuités comme les ruptures provoquées dans les pratiques et les problématiques des équipes de recherche dans le domaine.



Volcans et tremblements de terre de l'Antiquité à l'époque contemporaine
Pierre Savaton, Delphine Acolat 
1 : Centre François Viète : épistémologie, histoire des sciences et des techniques  -  Site web
Université de Nantes : EA1161
Faculté des Sciences et des Techniques 2 rue de la Houssinière BP 92208 44322 NANTES Cedex 3 -  France
2 : Centre François Viète : épistémologie, histoire des sciences et des techniques  -  Site web
Université de Bretagne Occidentale [UBO] : EA1161
Faculté des Sciences et des Techniques 2 rue de la Houssinière BP 92208 44322 NANTES Cedex 3 -  France
* : Auteur correspondant

Les volcans et les tremblements de terre sont depuis longtemps l'objet d'études historiques nombreuses, inscrites dans des cadres et des problématiques diverses et variées qui n'ont guère facilité les rapprochements. Les approches, problématiques et méthodologies, selon leur caractère archéologique, historique, philologique, littéraire ou géologique, selon leurs limites chronologiques (Antiquité, Moyen Age ou époques modernes et contemporaines), selon qu'elles privilégient les faits ou les idées, les descriptions ou les conceptualisations, ont travaillé ces objets, voire les phénomènes qui les expliquent, sous des angles différents, sans que ceux-ci ne se recoupent nécessairement. Cela a facilité le développement de travaux parallèles et le cloisonnement de ces recherches. Ces objets pluriels ont construit des histoires qui ne se croisent et ne s'interrogent guère, comme on le regrette parfois lors des rares occasions d'échanges entre chercheurs d'ancrages distincts. Des questions, des problématiques nouvelles, nous en sommes pourtant convaincus, peuvent émerger de tels croisements. Le congrès de la SFHST nous semble être l'occasion de ce type de rencontre fructueux.
Ce symposium cherche donc à croiser des méthodes de recherches historiques autour des volcans et tremblements de terre, pour discuter de nos sources, de leur traitement, des problématiques et ainsi favoriser l'émergence de questionnements nouveaux et de collaborations entre les différents domaines de recherche.


L'objet « sexe » dans les savoirs, les techniques et les pratiques de la biologie et de la médecine au XIXe-XXe siècle
Laura Piccand , Michal Raz , Silvia Chiletti
1 : Université de Lausanne, Institut universitaire d'histoire de la médecine et de la santé publique  (UNIL, IUHMSP)
2 : Université de Genève, Institut des Etudes genre  (UNIGE, IGENR)
3 : Cermes3
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
4 : Centre Alexandre Koyré, Histoire des Sciences et des Techniques
CNRS : UMR8560, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN)
* : Auteur correspondant

Comment penser le sexe, catégorie biologique, dans et à partir des sciences sociales ? De nombreux travaux, notamment historiques, ont interrogé les définitions médicales et sociales du sexe biologique (T. Laqueur, N. Oudshoorn, D. Haraway...). Les recherches dans le monde francophone ont néanmoins été rares.
Partant de ce constat, cet atelier a pour but de réunir des chercheurs travaillant sur cet objet afin d'échanger autour des outils théoriques et méthodologiques qui permettent de questionner et d'historiciser les constructions scientifiques sur la différence des sexes.
Comment travailler de manière critique sur le sexe biologique comme objet scientifique, social, culturel, sur la façon dont ses définitions sont en perpétuelle construction, à la fois appréhendées historiquement et socialement comme fixes mais aussi sujettes à des controverses récurrentes sur le plan médical, social, juridique...? Comment faire de l'histoire un outil de déconstruction des évidences prétendues naturelles qu'on associe à la notion de sexe biologique ?
Cet atelier, prévu sur deux demi-journées, est ouvert à des propositions abordant le sujet par de multiples méthodes et disciplines (histoire, sociologie, anthropologie, droit etc.), tout en étant inspiré par une approche historique critique et féministe des sciences. Il est proposé par le réseau Sciences Sexes & Médecines, qui a été créé début 2013 par un groupe de jeunes chercheurs/euses basé(e)s en France et en Suisse.


L'écriture savante des troubles mentaux : enjeux et débats.
Nausica Zaballos, Jean-Christophe Coffin  
1 : Centre Alexandre Koyré - Centre de Recherche en Histoire des Sciences et des Techniques  (CAK-CRHST)  -  Site web
CNRS : UMR8560, Cité des Sciences et de l'Industrie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), École des Hautes Études en Sciences Sociales [EHESS]
Muséum National d'Histoire Naturelle Pavillon Chevreul 57, rue Cuvier 75231 Paris cedex 05 -  France
2 : Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux  (IRIS)  -  Site web
Inserm : U997, École des Hautes Études en Sciences Sociales [EHESS], Université Paris XIII - Paris Nord, CNRS : UMR8156
Paris -  France
3 : Centre Alexandre Koyré - Centre de Recherche en Histoire des Sciences et des Techniques  (CAK-CRHST)  -  Site web
CNRS : UMR8560, Cité des Sciences et de l'Industrie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), École des Hautes Études en Sciences Sociales [EHESS]
27 rue Damesme, 75013 -  France
* : Auteur correspondant

Depuis la volonté pour la psychiatrie de faire science, la question du diagnostic est centrale à la recherche au sein de cette spécialité médicale. Deux approches -catégorielle et dimensionnelle - coexistent pour penser la pathologie mentale et traiter les sujets présentant des troubles identifiés. La formation et la pratique médicales en psychiatrie sont caractérisées par le recours aux outils diagnostiques tels que le DSM dont la cinquième version induirait, selon certains, le risque d'une psychiatrisation du corps social, au vu de l'élargissement de certaines catégories cliniques dont l'assise théorique apparaît faible. Les modes de production du diagnostic sont parcourus de débats récurrents, désormais modifiés par les patients qui participent à la disqualification ou à la reconnaissance de certains troubles (Asperger, hyperactivité). Les controverses contemporaines à propos de la nosographie psychiatrique marquent-elles réellement une rupture avec de plus anciens débats – qu'on songe ainsi aux discussions autour de l'hystérie, des personnalités multiples, de la schizophrénie infantile ? Une nouvelle écriture savante des troubles, par-delà le clivage entre naturalisation ou constructivisme, est-elle envisageable et de quelle manière ? Telles seront les questions explorées dans ce panel.



Alterscience, autre science ? Modes descriptifs d'une remise en cause de la science contemporaine
Alexandre Moatti, Sabine Rabourdin
1 : Sciences et Société ; Historicité, Éducation et Pratiques  (EA S2HEP)  -  Site web
École Normale Supérieure - Lyon, Université Claude Bernard - Lyon I : EA4148
Bâtiment " La Pagode" - 38 Boulevard Niels Bohr - Campus de la DOUA Université Claude Bernard Lyon 1 43, Boulevard du 11 Novembre 1918 69622 Villeurbanne Cedex -  France


La remise en cause de la science contemporaine, et notamment de ses théories structurantes (en physique ou en biologie), est à l'œuvre chez des individus ou dans des courants de pensée les plus divers. Elle l'est chez des ingénieurs (parfois des chercheurs), producteurs d'une physique alternative s'affranchissant des règles de validation scientifique. Elle l'est dans des idéologies radicales, comme celles de fondamentalistes religieux, de mouvements anarchistes anti-science ou de mouvements technofascistes et climatosceptiques. Elle l'est aussi dans des constructions moins radicales où la science contemporaine, vue comme émanation du monde occidental, serait à transformer – c'est le cas de certains écrits de doctrine islamique ou indienne. L'atelier propose de recueillir des contributions sur le sujet : quelles caractéristiques communes comportent ces constructions ? Peut-on esquisser en s'appuyant sur elles la description d'une « autre science » ?


Médecine et sciences au chevet du mouvement (1945-2014)
Grégory Quin, Anaïs Bohuon 
1 : International Centre for Sports History and Culture - De Monfort University - Leicester  -  Site web
Clephan Building De Montfort University Leicester, LE1 9BH United Kingdom -  Royaume-Uni
2 : Laboratoire Sports, Politiques et Transformations Sociales (J.E 2496) - Université Paris-Sud 11  -  Site web
Université Paris Sud - Paris XI
Laboratoire Sports, Politiques et Transformations Sociales (J.E 2496) U.F.R. S.T.A.P.S. - Bâtiment 335 FR- 91 405 0rsay Cedex -  France
* : Auteur correspondant

A l'orée du XXIe siècle, les activités physiques et sportives se sont imposées comme l'un des principaux repères de nos sociétés contemporaines. Dans ce cadre, si certains travaux récents soulignent les développements de l'engagement médical autour du mouvement depuis le XIXe siècle, il convient d'envisager certains approfondissements pour la période la plus récente. En effet, depuis 1945, la pratique sportive et la médecine poursuivent leurs développements «symbiotiques» pour le meilleur (promotion de la santé) et parfois pour le pire (dopage, identité sexuée).
Au cours des « Trente Glorieuses », culture et hygiène du corps vont évoluer avec l'imposition progressive d'une civilisation des loisirs mais aussi avec l'émergence d'un professionnalisme accru de l'élite sportive, et la massification de la pratique sportive alimente la construction de représentations positives sur le rôle de l'exercice.
Cette session thématique a pour ambition de rassembler des contributions relatives à la professionnalisation de médecins (ou de paramédicaux) spécialisés dans les activités physiques, aux représentations médicales du corps en mouvement, aux campagnes de lutte contre l'obésité ou la sédentarité, à l'évolution du contrôle médical de la performance, à la genèse d'un contrôle spécifique aux corps des sportives.


La notion d'unité élémentaire dans la biologie française au XIXe siècle
Laurent Loison, Marion Thomas
1 : SAGE, UMR 7363, Université de Strasbourg
CNRS : UMR7363


Vis-à-vis de la théorie cellulaire, la biologie française occupe une position paradoxale. Si les recherches relatives à l'unité élémentaire des êtres vivants furent en effet actives et importantes au cours du premier tiers du XIXe siècle, la réception des formes successives de la théorie cellulaire, élaborées en Allemagne, fut en revanche plus problématique durant la période 1840-1880. L'opposition à tout ou partie de cette théorie fut particulièrement marquée à Paris, alors qu'en d'autres lieux, et principalement à l'Université de Strasbourg, la théorie cellulaire fut très tôt le sillon qui devait à la fois guider les recherches et structurer l'enseignement dans les domaines de la médecine, de la physiologie et de l'anatomie générale.
L'objectif de ce symposium est de reprendre l'étude de cette histoire complexe en s'intéressant, au-delà du concept de cellule proprement dit, à l'histoire de la notion d'unité élémentaire dans le cadre des sciences du vivant en France au XIXe siècle. Cette histoire sera notamment étudiée à la lumière des échanges nombreux entre les disciplines qui se sont emparées à ce moment là de la notion d'individu minimal (anatomie, physiologie, médecine, chimie, cristallographie, mais également sociologie et politique).


MUSÉOLOGIE HOSPITALIÈRE: UNE NOUVELLE SPÉCIALITÉ SCIENTIFIQUE?
Jean-François Moreau 
1 : Dr. Jean-François Moreau, Professeur émérite.  (Académie des Sciences, Arts et Technologies de l'Imagerie Médicale (ACSATIM))  -  Site web
Centre Antoine Béclère
Centre Antoine Béclère Dr. Jean-François Moreau, Professeur émérite. Université Paris-Descartes 45, rue des Saints-Pères 75006 Paris -  France

L'inaptitude à la pratique de soins cliniques des vieux hôpitaux français conduit à des décisions politiques et administratives de démédicalisation puis de définition de nouvelles fonctionnalités d'autant plus conflictuelles que les édifices sont classés et prestigieux et que leurs écosystèmes sont aléatoires et financièrement douteux. Le futur des Hôtel-Dieu de Lyon, Toulouse et Paris pose notamment le problème de la conservation et l'exposition du richissime patrimoine matériel hospitalier illustrant dans des musées l'histoire millénaire de la lutte contre la misère humaine. 

La muséologie est étymologiquement une science "molle". Faut-il créer une sous-spécialité de Muséologie hospitalière encadrée par une chaire de Sciences de la Vie dédiée pour inciter des doctorants à traiter théoriquement et techniquement des projets et des sous-projets d'architecturaux aux modèles économiques et les programmes éducatifs?  La proposition est testée sur des réseaux sociaux internationaux à l'occasion de la fermeture du Musée de l'AP-Hôpitaux de Paris suite à la vente de l'Hôtel de Miramion. Elle soulève d'autant plus d'intérêt qu'il y a peu d'exemples de musées de la Santé dans les pays anglo-saxons. Les Belges sont exemplaires.

L'avenir des musées des Hôtel-Dieu justifie cette session novatrice à Lyon.


Sur l'histoire de la géométrisation de la physique :des « Sphères » d'Aristote et Ptolémée aux « Sphères » des théories de Jauges
Joseph Kouneiher   
1 : Centre de recherche d'histoire des idées  (CRHI)  -  Site web
CNRS : FRE2782, Université Nice Sophia Antipolis [UNS]
98 Bvd Edouard Herriot - BP 209 06204 NICE CEDEX 3 -  France

L'histoire de la physique nous a montré que les systèmes physiques étaient décrits dans un espace donné avec un temps donné, tout deux indépendants de la matière et de toute influence physique. Johannes Kepler, qui à une période de sa vie a fait correspondre à des objets physiques, les planètes, des objets géométriques, i.e. des polyhèdres réguliers, était bien loin de ce que nous entendons par géométrisation de la physique.
L'affaiblissement de la notion d'espace rigide semble être apparu avec l'apparition de la géométrie non-euclidienne au 19ième siècle. La réponse à la question de savoir quelle est la géométrie de l'espace dans lequel nous vivons, pourrait être maintenant relayée à un test empirique.
Malgré la formulation de la mécanique des corps rigides au 19ième siècle dans le cadre d'une géométrie non euclidienne, la question que l'espace et du temps pourraient être influencés par les systèmes matériels n'avait toujours pas été abordée.
La jonction de l'espace et du temps sous la forme d'espace-temps par Hermann Minkowski a bien entendu été la première étape dans le processus de géométrisation. La première géométrisation au sens restreint a été réalisée par Einstein et Großmann.
Dans cette session, nous proposons de retracer l'histoire de la géométrisation de la physique.


La limite dans la science médiévale [Proposition de coord. Laurence MOULINIER et Nicolas WEILL-PAROT]
Nicolas Weill-Parot, Laurence Moulinier 
1 : UPEC
UPEC
2 : Université Lyon 2
Université Lyon 2

Cette session inviterait les participants à réfléchir sur la notion de limite dans les divers domaines de la science médiévale (philosophie naturelle, médecine, mathématique ...). La science médiévale a souvent été définie comme celle d'un monde fini par opposition au monde infini de la science moderne. Il serait cependant pertinent de réfléchir sur les diverses acceptions et conceptions la notion de limite. Quelles sont les limites de la nature ? Et quelles sont les limites de la connaissance rationnelle ? Quels sont les enjeux d'une théorie comme celle des minima naturalia ? Comment le médecin pense-t-il les limites de son art devant la maladie ? Y a-t-il des formes d'expression spécifiques de la limite dans les mathématiques médiévales ?

Reconversions-mutations du patrimoine industriel et technique : à quelles fins ?
Marina Gasnier  
1 : IRTES-RECITS (EA 7274)  -  Site web
Université de Technologie de Belfort-Montbeliard : EA7274
UTBM Site de Sévenans 90010 Belfort cedex -  France

Si l'acte de reconversion du patrimoine industriel n'est plus un acte isolé, il ne cesse de questionner et susciter le débat. Depuis l'émergence de ce champ d'étude dans les années 1980 en France, le concept même de patrimoine industriel a évolué. Objet pluridisciplinaire faisant notamment appel à l'histoire, à l'archéologie ou encore à l'architecture, le patrimoine industriel s'est enrichi de nouveaux regards pour intéresser désormais l'urbaniste, le géographe, le sociologue... Le renouvellement conceptuel de l'objet passe aussi par l'échelle à laquelle il est traité, celle du paysage, du territoire dont les enjeux sont multiples.
La reconversion telle qu'elle est traitée aujourd'hui tente de répondre à deux préoccupations principales. D'une part il est question de préservation et de valorisation patrimoniale ; d'autre part d'aménagement et de développement du territoire, urbain et rural. Dans cet équilibre parfois tendu, quelle est la réalité de la place accordée au patrimoine industriel et technique ? Quelles sont les stratégies développées par les différents protagonistes engagés dans ces programmes aux enjeux souvent majeurs pour le territoire ? Quelles sont les postures et les logiques d'action face à cet héritage industriel et technique ?


La chimie entre les deux guerres : l'affirmation d'une profession dans le contexte d'une profonde recomposition industrielle
Gérard Emptoz
1 : Centre François Viète : épistémologie, histoire des sciences et des techniques  -  Site web
Université de Nantes : EA1161, Université de Bretagne Occidentale [UBO]
Faculté des Sciences et des Techniques 2 rue de la Houssinière BP 92208 44322 NANTES Cedex 3 -  France

 
L'après 1ère guerre mondiale a été un déclencheur pour la professionnalisation de la chimie en France, parallèlement à une recomposition importante de l'industrie chimique dans un cadre économique profondément modifié.
Ainsi, les chimistes, à travers leurs associations représentatives, ont cherché à mieux représenter et  défendre leur métier. Les organisations professionnelles, et la formation des chimistes, notamment dans les écoles d'ingénieurs, seront un premier thème à examiner.
Parallèlement, la modification du paysage industriel durant l'effort de guerre a généré la mise en production massive de différents  produits, entraînant un développement important de certaines entreprises. Et, après la guerre, la prise des brevets allemands en a amené d'autres (l'azote par ex.).  L'étude de ces évolutions ainsi que le développement des recherches académiques et industrielles (en pharmacie, catalyse, polymères ou colorants) sera un second thème à aborder.
D'autres secteurs ont rencontré le même souci de réorganisation après la guerre. La chimie ayant été amenée à répondre à leurs demandes, qu'en est-il par exemple des relations établies avec l'aéronautique, l'automobile, l'industrie électrique, ou le textile? La place de la région lyonnaise dans ces différentes évolutions scientifiques et industrielles sera aussi un thème à mettre en valeur dans cette session.


Session libre
Hugues Chabot

Si aucune session ne vous semble susccptible d'accueillir votre proposition, vous pouvez la déposer dans le cadre d'une session libre. Les organisateurs du congrès regrouperont dans un second temps thématiquement l'ensemble des communications libres déposés.

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